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Rio arriba (Jardín, Antioquia-Colombie)


Le 12 mars, je quitte mon auberge pour prendre la direction de Jardín , dont j'ai entendu beaucoup de bien.

Avec le site redbus, j'ai trouvé un colectivo qui ne part pas trop tard pour avoir le temps de retrouver mon petit Suisse Jérémy, qui a pris de l'avance et s'y trouve depuis la veille.

Une fois qu'on quitte la ville de Medellín, le paysage devient complètement vallonné et même montagneux par endroits. Autant vous dire que ça tourne et qu'avec le chauffeur qui conduit d'une main, pas perturbé pour un sou, je regrette d'avoir pris un petit déj avant de partir...

J'arriverai saine et sauve quand même à Jardín. Je pars à la recherche de ma petite auberge de jeunesse, Naty Luna, pas loin de la place de l'église.

Je suis accueillie par John (encore plus petit que tous les Chiliens que j'ai vus, c'est dire !!) qui est super enthousiaste et tout fier de m'annoncer qu'il y a un autre Breton dans l'auberge, qui ne compte que 3 guests. Je crois qu'on bat les scores !

Et effectivement, je ferai rapidement la connaissance de Bruno, qui est de Landerneau (Nom de Diou) et qui est en trip pour encore quelques semaines avant de rentrer au pays.

Je prends possession de ma chambre privée pour le même prix qu'un dortoir et je me pète 3 vertèbres en me couchant sur le lit pour tester le matelas, qui est aussi dur qu'une planche en bois. ça c'est du maintien !

La cuisine est assez spartiate, pas de frigo et des plaques de camping pour chauffer sa bouffe, mais il y a une cafetière et du café à dispo. On va s'en sortir.

Jérémy m'a donné rendez-vous devant l'église, du coup j'enfile ma robe blanche et je cours pour ne pas lui laisser le temps de changer d'avis. (Pas assez vite a priori, mais bon, j'aurai essayé !)

La Basilique néo gothique est impressionnante et sans être fan du style, il faut reconnaître qu'elle en jette.

Et je ne vous parle pas des cloches, qui sonnent à un rythme effréné (pour le plus grand bonheur des Bonnes Soeurs du coin (ah ah, sorry private joke :p ).

On se promène dans le village, qui est super coloré et fleuri. Je suis déjà fan ! On s'y sent tranquille, au niveau du rythme de vie comme de la sécurité.

On a du choix en matière de resto pour notre repas du midi, et on se fera une petite truite du coin, délicieuse mais pleine d'arrêtes, trop pour moi.

Une des attractions incontournables de Jardin, c'est son vieux téléphérique en bois, "la garrucha". La petite cabine en bois vous bringuebale au-dessus des champs de bananes jusqu'en haut d'un cerro d'où on peut admirer le village et les alentours.

On se pose là un petit moment, pour profiter de la vue et faire des vidéos et des photos. Je suis toujours aussi subjuguée par les reliefs de la Colombie. Des collines, des vallées, des montagnes, de la verdure à perte de vue, une végétation luxuriante et exotique qui ne cesse de me ravir les yeux. J'ai vraiment un coup de coeur pour ce pays et je regrette déjà de ne pas pouvoir y passer plus de temps.

J'y reviendrai, c'est certain.

On redescend au péril de notre vie dans la cage en bois pour retourner vers le village qu'on continue d'explorer.

Il y a quelque chose qui se repère directement à Jardín : tout le monde est assis sur sa chaise sur deux pieds, exactement comme ce qui nous valait une engueulade quand on était petits (ou même encore maintenant si vous avez la même mère que moi).

C'est le Jardín style !

La petite place devant la Basilique est vraiment très mignonne, les gens s'y posent pour profiter des derniers rayons du soleil, qui devient moins agressif avec le soir qui arrive. Les enfants jouent, on mange des glaces, les vieux papotent... Jérémy aura le droit à une déclaration d'amour par une vieille qui fait la manche, la faute à ses yeux dévastateurs pour l'Amérique du Sud... On sera aussi à deux doigts de repartir avec un gamin qui ne nous quitte plus. On se sent vite adoptés à Jardín !

Les gens sont très accueillants, toujours prêts à discuter et curieux de savoir d'où on vient et ce qu'on fait là, si on aime la pays...

On retrouve Bruno pour aller boire un verre et se faire un resto.

Vous avez l'impression que je passe ma vie au resto ? Alors oui mais non, parce que souvent c'est moins cher d'aller au resto que d'acheter tout ce qu'il vous faut pour faire la bouffe, sans parler qu'il faut trimbaler ça sur son dos après et qu'il n'y a pas de frigo à mon auberge. Vues les températures, la chaîne du froid etc...C'est quand même un peu plus sain ;)

On passe une chouette soirée ensemble, à se raconter nos exploits de voyageurs et les plans pour la suite, car tout le monde est sur la fin de son trip et ça sent le retour à plein nez.

Jérémy part d'ailleurs dès le lendemain pour Salento, où j'aimerais bien aller aussi, mais ça prend un certain temps et ça m'obligerait à rusher mon voyage alors que je dois revenir à Medellin ensuite pour quitter la Colombie.

Je laisse donc mon Petit Suisse reprendre sa route, en se disant que cette fois, les chances de se revoir sont encore plus minces que la dernière fois qu'on s'est quittés, en Bolivie.

ça aura été un plaisir de t'avoir sur ma route, Jérémy !

Le lendemain, le ciel pleure le départ de Mister Suisse, il pleut par intermittence et j'en profite pour me poser un peu et bosser à l'auberge. J'ai décidé de rester une nuit de plus, de ne pas aller à Salento, même si je sais que c'est magnifique et que j'aurais été en bonne compagnie. Mon timing est trop serré, je préfère profiter plus de chaque endroit plutôt que de courir et bâcler.

Et pour profiter, je me fais péter le bide à coup d'avocat gigantesque, d'ananas et de mangues, pas chers et tellement bons. ça va vraiment me manquer tous ces fruits et légumes à des prix fous et au goût de malade...

Ce soir, je mange juste un avocat, merci !

La journée se résumera à un petit tour dans la ville, à papoter avec les vieilles dames posées à leurs fenêtres à regarder les gens qui passent, à photographier les portes et les poignées des maisons colorées du village, à me perdre dans les ruelles et à me retrouver dans des chemins privés avec vue sur la vallée.

John a quitté l'auberge pour aller bosser sur Medellin et nous a laissés Bruno, Julia et moi comme des grands, à garder la boutique, avec un petit jeune qui passe à l'occasion voir si tout se passe bien.

On se sent plus dans un airbnb qu'une auberge !

La soirée se passe tranquillement, quand Bruno débarque après avoir un peu festoyé avec les locaux dans un bar du village. L'animation revient à l'auberge :p

Bruno partira le lendemain, pour de nouvelles aventures (on se revoit au pays, ok ? ;) ), et moi je retrouverai deux PVTistes rencontrés à Medellin, Nathan et Violaine, qui sont arrivés la veille.

Avec Julia et les deux amoureux, on a poney ! Sur les conseils de Clémence, on a réservé notre balade avec Bernardo. On n'a pas pu rencontrer le gaucho avant le début de la balade mais elle nous a dit qu'on pouvait y aller alors on a dit go !

Violaine est un peu en stress de se retrouver sur un cheval, ça me rappelle Nolwenn quand elle me racontait sa trouille ("wow mais il bouge là le cheval !!" ah ah).

On se met en route chacun sur son destrier, mais plusieurs personnes sont inquiètes à propos d'une fille qui n'est pas là, je ne comprends pas de qui on parle jusqu'à ce qu'on me dise qu'une autre touriste est montée sur son cheval et que celui-ci est parti pleine balle dans la rue sans qu'elle arrive à l'arrêter. Et personne n'est parti la chercher.

Le mec qui nous accompagne n'est pas Bernardo, il parle un espagnol du fond du terroir et n'est pas inquiet pour deux sous quant au sort de la cavalière disparue. Il est trop occupé à débourrer son cheval à la gaucho, en le faisant trotter nerveusement et le poussant dans le Q de mon cheval, qui se met en stress illico. Je sens qu'on va se marrer.

Il n'a donné aucune directive ou conseil à la petite troupe dont la 1/2 n'est jamais monté à cheval... Y a même une Brésilienne en tongs...

Au bout de 10 minutes, il finit par se dire que la disparue ne nous retrouvera pas et décide de me laisser le groupe pour aller la chercher ! Euuuuh... Je ne connais pas la moitié des gens, je ne connais pas les chevaux, je ne connais pas le chemin.

Derecho, qu'il me répond (tout droit !)

Au bout de 5 minutes, face à des câbles électriques qui bloquent le chemin, je décide de stopper la troupe à l'ombre, pas question de prendre la responsabilité de passer par là et de perdre quelqu'un en route.

Le gaucho revient quelques minutes plus tard avec la cavalière disparue, tenant son cheval en longe. Elle nous racontera un peu plus tard que son cheval l'a ramenée au champ, où un gars l'a vue en galère et a proposé de la ramener vers le groupe. Elle a eu trop peur du coup il a monté le cheval et elle a suivi...en moto. #seulement-en-colombie...

Elle n'a pas l'air super rassurée mais compte sur le gaucho pour la tenir tout le long du chemin. Ce qu'il ne fera évidemment pas.

Je passe une bonne parie de la balade à expliquer aux cavaliers en herbe comment gérer leurs montures, certains étant super stressés (chevaux ou cavaliers) ou juste intéressés par la bouffe à choper sur le chemin.

Notre disparue reprendra deux fois la poudre d'escampette involontairement, son cheval pétant un plomb d'un coup.

Je commence à remarquer l'état des chevaux, psy et physique...ça me fend le coeur de voir à quel point c'est évident que le cheval est ici un outil de travail auquel on ne porte pas plus d'intérêt que ça. Il y a un cheval qui a les jarrets qui partent en angle droit sur l'extérieur, ça me soulève le coeur à chaque fois. Le gaucho me dit que non non, c'est pas grave et se marre quand je lui dis que j'aimerais bien le voir marcher comme ça avec quelqu'un sur son dos... C'est un débat perdu d'avance alors je ne pousse pas le bouchon, mais je lui montre bien qu'il existe des moyens plus respectueux de dresser son cheval...

On finit par arriver sains et saufs au Cerro Cristo de Rey, d'où l'on a une vue de malade sur la ville et les alentours, en étant de l'autre côté de là où on était avec Jérémy grâce au téléphérique.

On se fait une petite pause qui fait du bien à tout le monde, pas mal des cavaliers ayant été stressés par le gaucho qui dresse son cheval, le cheval fugueur et le manque d'instructions.

J'explique que le mors qu'ont les chevaux sont super sévères et ne sont pas du tout adaptés à des cavaliers inexpérimentés. Mettre des hackamore entre les mains de cavaliers du dimanche, c'est donner des couteaux à des enfants... Et justement, la cavalière qui s'est fait embarquer plusieurs me demande si je veux bien échanger avec son cheval car elle n'a pas très bien vécu l'aller.

ça va être le moment de voir si je suis capable de rassurer la bête, qui est plus morte de trouille que méchante. Je me rends compte en montant dessus que le cheval est ultra maigre, j'ai rien entre les jambes, les étriers sont pourris et pas de la même taille. Le cheval essaye de tracer direct dès que je monte dessus, pensant certainement qu'il va ramasser plein la bouche et se faire démonter.

ça me prendra un bon moment pour lui montrer que je ne vais rien faire de méchant, mais qu'il doit rester au pas, que je suis détendue (dééééétendue, vous êêêêtes déééétenduuuue) et que ça va aller. Pas simple mais il finit par me faire un peu confiance et ça apaise plus ou moins tout le groupe. Je passe pour l'experte ès poney, que même le gaucho me dira "t'es douée avec les bêtes" (ce qui me fera grincer les dents mais bon...).

Il est plus détendu, je vois ses oreilles qui bougent pendant que je lui parle pour le rassurer, il commence à me faire confiance.

ça sonne un peu prétentieux ce petit récit, mais oui, j'en suis fière, j'ai rassuré pas mal de monde et je me suis retrouvée au temps où je montais en étant confiante et moi et où j'avais du plaisir à voir le résultat. J'ai repensé à la dernière jument que j'ai vraiment travaillée, ma belle Dune, traumatisée par les cavaliers de compétition...

Je ramène mon cheval rênes longues, sans étriers, je suis plutôt fière de moi !

Une fois dessellé, je me rends compte de la maigreur de mon cheval, qui était cachée par le tapis et la selle imposante. Quand je regarde ses dents alors qu'il essaie de se débattre avec une carotte que je lui donne, je réalise que c'est un poulain, bien trop jeune pour être monté.

Quand je demande quel âge il a au gaucho de la balade, il me répond "ah oui il est très jeune" comme si c'était pas un souci...Je suis atterrée et tellement en colère de ne pas m'en être rendue compte avant, je ne serai jamais montée dessus... Mon pauvre poulain...

L'Amérique latine n'est vraiment pas la partie du monde où je conseillerai de faire des balades à cheval, sauf à tomber sur un endroit particulièrement bien tenu et respectueux des animaux. Ce qui est très rarement le cas.

C'est un peu comme les éléphants en Asie, ne montez pas dessus.

Bref, ça gâche un peu beaucoup la beauté des paysages et les rencontres sympas. On finira d'ailleurs par aller manger avec une bonne partie de la bande, après la balade, mais on perdra Nathan et Violaine, que je n'ai pas vus rentrer dans l'église et qui n'avait plus de batterie...

Dommage parce que du coup on n'aura pas l'occasion de se revoir pour mon dernier jour à Jardin.

Le soir à l'auberge, j'ai le droit à un live du concert de Thirty seconds to mars avec mes copains de la Phoenix division, ce qui me fait super plaisir. Pouvoir crier Echeeeeeloooooooooooon avec eux et revoir leurs trombines, ça fait du bien <3 Merci les copains <3

C'est ainsi que se termine mon séjour à Jardin, que j'ai vraiment beaucoup apprécié.

Il y a vraiment de quoi vous occuper pendant plusieurs jours ici. Entre les randos, le village, les fincas de café, les champs de bananes, le parapente, l'exploration de caves, la rivière où on peut aller se baigner pour se rafraîchir...Impossible de ne pas y trouver quelque chose à faire.

Andres, le petit jeune qui s'occupait de l'auberge en l'absence de John, me raccompagne comme un chevalier à la station de bus, sous la pluie, en portant un de mes sacs.

Ce qu'ils sont galants les Colombiens ! ça va me manquer !

Mais j'ai encore un peu de temps pour en profiter puisque je reprends la route direction Medellin , où je vais retrouver Clémence et David, et aussi mon Piou Piou, Vic, rencontrée un peu plus tôt à Costeno.

Mais je vous laisse avec un beau diapo bien fourni et une petite chanson Rio arriba, de Chancha circuito, qui remixe des morceaux de cumbia et autres rythmes d'Amérique latine.


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