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Torn (Torres del Paine, Chili)


Pour aller profiter de la beauté du parc de Torres Del Paine, il faut soit avoir des sous pour se payer un des hôtels du site, soit camper en ayant réservé des semaines à l'avance, soit accepter de se taper 1H45 de route pour aller au parc depuis Puerto Natales.

Pour nous, ça sera C, la réponse C.

On s'est donc mis en route vers Puerto Natales. La route est comme toutes les routes de Patagonie: magnifiques paysages et pistes Paris-Dakar. On est fans ! En plus y a des guanacos de partout, qui te regardent passer d'un air circonspect et sautent les clôtures en criant YOLO dès que tu t'approches tellement ils sont timides et froussards.

Arrivés à Puerto Natales, on a posé nos sacs au Singing lamb backpacker, super adresse du réseau HI. 4 étoiles pour cette auberge !

On a retrouvé Marie, aussi collante qu'un bernique, mais vu qu'on l'aime bien ça va :p On a été prendre des renseignements sur le Parc à l'office du tourisme, où la gentille dame m'a dit que j'allais en chier des ronds de chapeaux pour faire le trek jusqu'aux 3 Tours mais que c'était faisable.

Un petit tour au bord du lac pour admirer la vue sur les montagnes et prendre le vent frais en pleine face.

Il a fallu se lever tôt pour se rendre à Torres Del Paine, vu que le trek prendre 6 à 8 heures pour faire les 20 petites bornes et qu'il faut un petit temps pour rejoindre le parc.

La météo n'est pas top et les tours sont coincées dans les nuages quand on arrive sur place mais la Nature nous offre quand même un chouette spectacle puisqu'un arc-en-ciel illumine la scène.

Avant d'entamer quoi que ce soit, il faut payer son entrée au parc (21.500 pesos) et faire la queue avec les autres touristes venus s'attaquer aux nombreux sentiers de randonnée du parc, dont le célèbre W, qui se fait sur 3 à 5 jours.

Le mieux est d'arriver pour 9 H maximum, avant les bus qui ramènent tous leur lot de touristes. Sinon, vous pouvez faire la queue pendant plus d'une heure et demie...

Une fois enregistrés, délestés de 21.000 pesos qui vous donnent accès pour 3 jours au Parc, on vous passe une petite vidéo pour vous dire à quoi vous attendre: pluie, vent, neige, pumas, et autres joyeusetés, et aussi pour rappeler quelques règles de base à ceux qui sont assez bêtes pour laisser leurs déchets derrière eux, allumer des feux et sortir des trails balisés...Common sens...

Une fois la voiture posée au parking, on se dirige tranquillement vers le début du sentier.

C'est de là que vous pouvez également décider partir à cheval pour éviter les 2ères heures de marche, pour la modique somme de 70€.

Les copains ont dit non, pas de poney, alors on a continué à pied...pffff...

Ah oui copains, c'est donc Erwan et Hélène, mais aussi Marie et Eva, Finlandaise rencontrée à l'auberge et qui est venue en bus mais qu'on a retrouvé au début du chemin.

Il faut pas loin de 2 km pour rejoindre le début du sentier, les paysages sont déjà magnifiques et je me demande à quoi bon se taper 18 km de plus mais les autres insistent et il paraît que la vue sur les Tours et la lagune vaut l'effort, donc on continue. :p

Le sentier est réputé challenging sur la première heure, puis modéré, puis challenging sur la dernière heure. En vrai, je l'ai trouvé pénible, challenging et extrêmement pénible (mais il semble que je n'ai pas mon mot à dire sur les classifications des sentiers du parc...on croit rêver...)

Les paysages sont fous, certes, mais le vent aussi. Le garde qui nous a enregistrés au parking nous avait prévenus et mis en garde contre les rafales.

Et il y en a eu de la rafale. Déjà que j'ai le vertige, se taper un vent tourbillonnant sur des sentiers où tu dérapes en bord de canyon, j'ai eu du mal à me dire "oh que c'est beau", ou je me le disais et j'enchaînais illico avec un "là où je vais mourir"...

Vous apercevez le chemin sur la gauche.

Quand on arrive au camping/refugio où se posent les tarés qui font le W, je suis la joie : des toilettes (payantes), des chaises où poser ses fesses et reposer ses jambes, se réchauffer et manger. Et retrouver Jorge, un métalleux qu'on a rencontré à Punta Arenas dans l'auberge sympa du 1er jour.

On l'avait aperçu lorsqu'on attendait pour payer l'entrée du parc mais on l'avait perdu de vue ensuite. Le voilà posé là aussi et du coup on repart tous ensemble.

Il reste encore plus de 3 km et je sais que je vais en suer mon gras, car la partie la plus dure est devant moi. La partie dans les bois monte et descend, ça n'en finit plus de tourner, je sens la fatigue gagner du terrain, même si niveau respiration ça va, niveau musculaire, ça tire pour de bon.

Jorge, qui a un souci à la jambe du fait d'un accident, est en fin de peloton avec moi, on prend notre temps, on admire le paysage, puis je finis par le semer parce que si je ralentis encore je vais faire demi-tour. Me dire qu'on a le chemin retour à faire, ça me panique à l'avance...

Et c'est là que l'ascension commence pour de vrai. La dernière partie, celle où on joue les chèvres entre les cailloux, à ne pas regarder sur le côté ou en bas ou en haut, juste ses pieds, sinon c'est vertige, panique ou le sentiment que ça ne se termine jamais.

Les rafales reviennent, on est à découvert, mes jambes sont fatiguées et en me rétablissant après perdu un peu l'équilibre, je sens une douleur aiguë dans mon genou droit. Je ralentis, je me pose, je souffle, je crache mes poumons, je sue, je jure, je repars, je recommence en me disant que je ne vais pas m'arrêter à 20 minutes de la lagune et des foutus pics rocheux que j'ai vu des milliers de fois en photo et que c'est à moi de voir pour de vrai cette fois.

Je force, je pousse, je me dépasse, je m'accroche aux rochers parce que ça souffle à m'en faire imaginer que je vais dévaler le chemin...

Et enfin, la récompense !

La vraie première récompense c'est les copains déjà arrivés, qui guettent mon arrivée et explosent de joie quand je montre ma face écarlate. ça fait plaisir de se sentir attendue et soutenue. I made it, holly fuck !

Et la deuxième récompense: les 3 tours et la lagune, pas un nuage pour les cacher.

Je m'affale sur un rocher en me rhabillant pour ne pas attraper la crève avec ce vent de fou. Pause picnic en admirant le paysage, mais pas si longtemps car on a encore le chemin retour à faire et ça va pas être coton, la descente me fait déjà peur, niveau fatigue et niveau dénivelé pour les articulations.

On prend quand même le temps de monopoliser un caillou et virer les gens, j'ai mérité mes photos devant cette lagune, bordayl ! On prend chacun son tour la pose, enfin les poses. Je m'improvise sirène, Miss février, Hélène manque de finir dans la lagune avec une rafale, on savoure la beauté des lieux.

ça valait le coup d'en suer son gras...

Et la descente fut un réel calvaire. Mon genou droit n'ayant pas apprécié la montée, me fait savoir très vertement que la descente n'est pas du tout à son goût. Déjà que le terrain est quelque peu périlleux, j'ai peur que d'un coup il me lâche et que je débiroule droit dans les cailloux.

J'arriverai à ne pas tomber mais par moment ça me fait tellement mal que j'ai les larmes aux yeux et des hauts le coeur. On est censé aller deux fois plus vite au retour, je mettrai le même temps.

Heureusement que Jorge m'attend et me soutient tout le long du chemin, pendant que les autres tracent jusqu'au refuge. Je crois que je me serais assise et je serais rester là à chialer.

On se pose à peine au refuge, un pipi et on repart. J'ai hâte d'en finir, j'essaie de faire bonne figure mais y a des moments, je suis juste "au bout de ma vie" comme on dit de nos jours...

Je me demande s'ils n'ont pas mis un E en trop au nom du Parc, parce que pour moi c'est PAIN et pas PAINE (pour les quichinenglish: pain=douleur)

Nothing's fine I'm torn ! Voilà le pourquoi du titre de cet article :) Torn par Natalie Imbruglia

Erwan prend le relais pour soutenir mamie, appuyée sur son bâton de pèlerine en galère. Les paysages restent magnifiques et j'en oublie que j'ai le vertige dans les passages un peu plus étroits, tellement je suis concentrée sur mon genou droit et sur mon pied gauche qui commence à souffrir de devoir amortir tous les passages en descente.

J'ai l'impression qu'on a rallongé le chemin tellement ça me paraît long...Je suis à deux doigts d'accepter l'offre de Marie de me porter sur son dos (elle ne doute de rien celle-ci, vraiment :p )

Je n'ai jamais été aussi heureuse de voir un parking de ma vie et les retrouvailles avec Jimmy sont une délivrance inouïe. On est tous crevés en arrivant, à des degrés différents...

Je réalise aujourd'hui que l'effort infligé à mon corps ce jour-là était démesuré par rapport à mon manque d'entraînement sur de telles distances. J'ai l'habitude des randos de 9 km aller-retour, pas de 20 km. J'ai voulu me surpasser en me disant que j'en chiais pour d'autres raisons que le manque d'entraînement, mais le terrain, la météo et le manque de préparation m'ont coûté mon genou ce jour-là, et encore aujourd'hui.

Moralité: se dépasser c'est bien mais faut pas le faire n'importe comment. J'ai appris ma leçon...chèrement...car ça va m'empêcher de faire pas mal de choses que je voulais faire en Patagonie.

Le chemin du retour nous permet encore d'admirer des paysages de fous, avec un coucher de soleil sur les montagnes.

Franchement, ce parc a plus à offrir qu'une simple journée sur place sans voir à se taper le W ou les autres randos de plusieurs jours si vous n'êtes pas motivé pour ça.

Le lendemain, je suis restée me reposer à l'auberge pendant que les 3 autres sont partis explorer un peu plus les environs. J'ai pris le bus pour les rejoindre à Punato, au lac Pehoe.

Un vent de fou, encore une fois. Tellement fort qu'il créait des tornades sur les lacs.

Impressionnant !

On a regretté de ne pas pouvoir y rester plus longtemps...Je vous conseille donc vivement de garder 3 jours plein pour ce parc, il en vaut la peine.

Pour nous, il est temps de reprendre la route, direction l'Argentine, pour de nouvelles aventures. Et croyez-moi, il va y en avoir assez rapidement :p

Je vous laisse avec un beau diaporama, sans photo de moi en train d'en ch*er :p

Enjoy !


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