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Crash test dummies (hmmmm)


Je vous ai laissé dans la Péninsule d'Otago, sur le chemin du retour.

En fait, on est pas allés beaucoup plus loin avec Henri, aka la voiture d'Andi.

Après avoir crapahuté toute la journée, en ayant sans doute pas assez mangé, la fatigue a rattrapé Andi qui m'a paru soudainement "hypnotisé" et pas par mes beaux yeux...

Au premier écart sur la gauche, j'ai demandé si tout allait bien, vu que d'ordinaire il est très prudent et pas du tout à conduire comme un ouf.

En plus là il commence à pleuvoir, on roule à 40km heure parce qu'on est pas les seuls à retourner vers Dunedin.

Il me répond dans le vague que ça va, mais il me semble plonger dans ses pensées...2 minutes plus tard, ça recommence. Bon là, je m'agace un peu et je lui demande de cracher ce qu'il a dans le ciboulot parce que clairement je vois bien qu'il n'est pas là mentalement et je lui dis que s'il compte crasher sa caisse parce qu'il n'arrive pas à la vendre, qu'il ait la gentillesse de me laisser descendre avant.

Il met 30 secondes à me répondre que non, il est concentré, et il semble considérer que cet écart n'est pas si terrible que ça, sauf que moi, j'ai un tout angle de vue.

Je suis passagère d'une voiture en NZ, fait que je suis à gauche. Or sur cette route, à gauche c'est un mur de roches. A droite, c'est l'océan, sans barrière, comme je le disais dans l'article précédent.

Je trouve que lla paroi rocheuse n'est pas très accueillante, alors du coup je hausse le ton et je me dis que si Mr est soupe au lait parce que j'ai dit quelque chose qui ne lui plaît pas, et bah qu'il crache sa valda et qu'on en parle, parce que bon, j'ai pas envie d'avoir un caillou coincé entre les dents ou en plein milieu du front.

Encore une fois, il me dit que tout va bien, il ne boude pas...

Je me dis qu'au prochain écart, je lui demande de s'arrêter et je descendrai.

Sauf que je n'aurai pas cette occasion là, j'aurais du la saisir avant...

La paroi se rapproche soudainement et cette fois-ci on s'écrase tranquillement dessus, en ripant la voiture côté gauche tout du long, jusqu'à ce qu'un pneu nous ramène dans la rigole qui sert à écouler l'eau de pluie, ce qui, je pense, nous a repoussé vers la route, avant de refoncer ce coup pleinement dans la paroi, de mon côté.

Le 2nd choc est donc bien plus violent, ma tête heurte le montant de la portière en même temps que je vois une méchante roche dépassant de la paroi, se rapprocher dangereusement droit vers moi. Impact...

J'entends le pneu exploser, j'ai la sensation qu'on décolle, puis qu'on s'écrase durement sur le sol, au milieu de la route. J'ai le temps de me dire que ça va faire mal à l'atterrissage.

Heureusement, personne n'arrive en face à ce moment là. On s'immobilise complétement. durement.

C'est marrant comme les choses peuvent aller vite et pour autant avoir cette impression de "slow motion" tout du long, comme si les secondes duraient 5 fois plus longtemps que d'habitude.

Pas de vie qui défile ou de pensée autre que "oh, bordel...ça va faire mal".

La voiture immobilisée sur la route, je suis comme perplexe, à me dire que je suis encore là, que j'ai mal au crâne. Mais je suis encore là.

Andi me regarde ébahi en répétant "what the fuck? what happened?" puis "are you OK? Tell me that you're ok".

Qu'est ce que tu veux que je te réponde mon chéri, t'as envoyé la bagnole dans un mur de roches, j'ai la tête qui fait BOUM BOUM, j'ai vu la roche de super près, là maintenant j'ai grave envie de t'en coller une en voyant ta tête hallucinée pour que tu réalises ce qui vient de se passer.

Mais je me retiens, parce que je vois bien que tu n'as absolument rien compris de ce qui vient de se passer.

Les longues secondes que je viens de vivre n'en ont été qu'une seule pour toi, tu conduisais, et d'un coup tu te retrouves dans une bagnole arrêtée au milieu de la route après avoir entendu un gros boum.

Du coup, je me sens obligée de te dire "on a eu un accident, la voiture a heurté la paroi" et là encore, tu me regardes avec tes beaux yeux bleus, qui sont maintenant complétement désespérés, effrayés.

Mon petit Bambi appeuré, qui réalise ce qui vient de se passer et qui panique. "How are you OK? Oh fuck, are you OK". Je m'entends répondre que ça va, on est en vie, c'est tout ce qui compte.

J'ai l'impression que ça a duré plusieurs minutes jusqu'à ce que les personnes de la voiture de derrière arrivent à notre secours, ouvrant la portière d'Andi, toujours médusé. Ils demandent si ça va, si on peut bouger, si on est blessés. Le gars nous dit qu'on a eu un accident (non, sans blague??), sans doute parce qu'il voit la tronche d'ahuri d'Andi. Ils ont déjà appelé les pompiers, ils sont en chemin.

Je voudrais sortir parce que j'ai une furieuse envie de respirer l'air frais, mais ma portière est bloquée. Défoncée en fait. Et bloquée par la paroi.

Le gars me voit tenter de sortir et demande à Andi s'il peut bouger, il a la bonne idée de le garder près de lui pour éviter un sur accident le temps que je sorte.

Nous voilà dehors sous la pluie, à regarder Henri qui a pris cher pour me sauver la peau. Merci Mr Ford d'avoir fait des vraies voitures résistantes à l'époque parce que sans ça j'étais un peu écrabouillée dans le carrosse...

Il faudrait bouger la voiture, qui bloque complétement la circulation, je précise qu'on a plus d'avant gauche et plus de pneu. Le gars vérifie, revient et dit, ok, on va laisser là.

Du coup, une fois qu'on est sur le côté, pris en charge par une passagère d'une autre voiture, le gars se met à faire la circulation pour éviter que la pagaille se propage. Il est super organisé, je sais pas si ça se serait si bien passé sans lui.

Andi reste en boucle sur "what the fuck? It's so stupid" "what happened"...Je lui redis gentiment qu'il s'est assoupi, qu'il avait fait plusieurs écarts, il hallucine total.

L'ambulance arrive, on fait monter Andi dedans, moi je me suis éloignée parce que je sens que ça monte et de le voir mal vis à vis de moi et toujours halluciné, ça me saoule et là tout de suite, j'ai juste envie de n'avoir à faire qu'à mon propre ressenti, ma frousse, ma colère, mon incompréhension, ma chance d'être debout sous la pluie...

L'ambulancier viendra me chercher, je chiale un coup, je monte dans l'ambulance. On me demande si je vais bien, si j'ai mal quelque part, je précise que j'ai heurté la portière avec ma tête, que j'ai mal. Ils ne checkent pas, me demandent si je veux aller à l'hôpital...J'en sais rien moi, quelle question...J'ai juste envie de me rouler en boule sous la couette et de serrer mon nounours dans mes bras,je peux ?

On me demande si j'ai soif, je pensais qu'on ne devait pas boire après un accident, en cas de complication...j'ai soif, alors je dis oui. Ils me demandent si j'ai besoin d'autre chose, je réponds "ma maman", l'ambulancière fond, Ina me sert dans ses bras. C'est pas ma maman, mais là tout de suite, ça fait du bien.

Oui, parce qu'entre temps, Ina ne nous voyant plus derrière elle sur cette route sinueuse, a fini par s'arrêter, se disant qu'on avait du stopper pour une photo, malgré le temps de chiottes. Puis, elle a commencé à se poser des questions ne voyant plus aucune voiture arriver. Jusqu'à ce que la 1ère voiture arrive et lui dise qu'on avait eu un accident. Elle a fait demi-tour et nous a rejoint aussi vite qu'elle a pu.

Je pense que c'est mieux qu'elle n'ait rien vu parce que voir ça dans son rétro, c'est un coup à finir au tas aussi. La dame lui a dit qu'on avait heurté la paroi plusieurs fois puis décollé et qu'on s'est écrasés sur la route. J'avais donc bien senti chaque étape...Awesome !

Les pompiers déplacent la voiture pendant ce temps, les ambulanciers nous confient à Ina en attendant la police et nous conseillent de nous mettre au chaud dans sa voiture.

Que nenni, on ne me mettra pas dans une bagnole là tout de suite, je vous le dis. Je me pose sous un arbre près des pompiers, je laisse Andi à Ina, j'appelle Michal pour la prévenir.

La police arrive 10 bonnes minutes plus tard et nous rejoignent sous l'arbre, pendant qu'Andi tente de joindre l'assurance pour faire remorquer la voiture.

L'un des flics balance "ah merde, vous avez glissé à cause de la pluie et heurté le petit mur? ça arrivetout le temps sur cette route de merde". Ah bon...Vu que ce n'est pas une question et qu'Andi, reste dans l'incompréhension totale de ce qui s'est passé, il hoche la tête et moi je ne dis rien.

C'est mieux pour l'assurance. Faut dire que les pompiers ont bougé la voiture et que le scénario pourrait coller pour tout personne n'ayant pas suivi l'intégralité des saisons des "experts".

Ils en rajoutent une couche en demandant laquelle de nous deux était la passagère. Je réponds "moi", et le flic de me dire "ah ok, cool, sweet as !". J'hallucine. Ok "sweet as" c'est mode kiwi, on est relax et tout va bien mais là euh non, pas sweet as, bro, pas du tout, même !

Il s'excuse quand je lui dis que c'est pas hyper approprié vu le contexte.

Les flics proposent de me raccompagner vu que la voiture d'Ina n'est pas assez grande pour nous 3 dans de bonnes conditions et que je ne montrais pas dans une voiture sans me sentir en sécurité.

Je me dis qu'en plus Andi pourra se lâcher en allemand avec elle, et que ne pas me voir lui permettra peut-être de lâcher prise. Moi en tout cas, j'en ai besoin, donc être seule pendant une petite heure, ça me fera du bien. J'ai envie d'une douche et de ma couette. Je les laisse là à attendre la dépanneuse et je rentre à l'hostel avec un lift que j'espère n'avoir à faire qu'une fois.

Michal me rejoint rapidement à l'hôtel, ma copine à moi, un gros câlin, du réconfort, de la compréhension sur ce qui se passe dans ma tête et dans mon corps, pour avoir vécu un accident bien pire il y a plusieurs années.

Du coup, elle me pousse à aller à l'hôpital, pour un check up plus sérieux que celui de l'ambulance, et pour ouvrir un dossier en cas de complication ultérieure.

Andi et Ina sont de retour, Michal leur dit qu'elle m'emmène à l'hôpital, Andi semble à 2 doigts de chialer tellement il est mal, j'ai même droit à un câlin, lui qui n'est pas du tout tactile et démonstratif, encore moins en public.

Depuis que je suis partie avec les flics, il m'envoie des sms toutes les 5 minutes pour demander comment je vais, s'excuser, alors là de me voir partir à l'hôpital, il est tout blanc.

Devoir expliquer en anglais ce qui s'est passé, par écrit, par oral, quand on est crevée et vermoulue, c'est pas hyper exaltant...

Après une longue attente, le docteur me reçoit me fait des examens de la vue, touche ma nuque (pu**in ça fait mal), mon dos (aïeuuuuuuuuuuuuuuuh), mes épaules (tendues au possible). Me prescrit de l'ibuprofène et du paracétamol pour les douleurs qui vont empirer au cours des prochaines heures/jours.

Il me fait un speech sur les signes d'un éventuel trauma crânien, demande à Michal de me surveiller, me conseille de ne pas reprendre la route le lendemain et d'éviter de porter mon backpack pendant les prochains jours.

Je suis complétement crevée, je n'ai qu'une envie c'est de dormir, pas d'organiser les prochains jours et de réfléchir à tout ce qu'on avait plus ou moins prévu...On verra ça demain.

Après un arrêt au kebab du coin pour récupérer Andi et Ina, manger un morceau, Michal et Ina repartent à leurs hostels et Andi et moi au nôtre, où la nouvelle s'est répandue assez vite et où du coup tout le monde est aux petits soins, il faut que je skype avec ma mère, ma soeur et les petits, car j'ai déjà repoussé la veille et qu'après ma mère n'aura plus d'ordi à dispo.

Poker face, même si j'ai une tronche de déphasée, je préfère attendre de voir comment ça évolue avant de dire ce qui s'est passé à ma mère, ça ne sert à rien de l'inquièter, je suis en vie.

Je préviens ma soeur en aparté, vu que c'est ma personne référente en cas de souci, pour l'assurance etc...donc je préfère aussi, au cas où ça n'irait pas, qu'elle soit au courant.

Le reste (déclaration à l'assurance, organisation des jours à venir,...) attendra demain, je suis trop crevée pour ça.

Jouer les crash test dummies...mmmm...j'aime pas trop beaucoup ça.

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