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what a wonderful world (Quebradas et jolis bleds en A)


Après à peine deux heures de bus, nous arrivons à Tilcara, où le paysage change complétement de ce qu’on a vu jusque-là.

Il fait sec, c’est aride, on voit que la population est bien plus « typique », hormis les touristes. Et on commence à sentir l’altitude, aussi.

Des petites rues escarpées nous amènent à travers le village jusqu’à notre auberge, où l’on va retrouver notre copine Hélène, rencontrée à Buenos Aires lors de nos premiers jours en Argentine.

L’auberge est chouette, petites maisons typiques, ça sent la détente (et aussi un peu les égouts). On se retrouve seuls dans un dortoir de 6, avec le meilleur matelas du monde pour mon dos pétri d’arthrose. Mamie est contente !

On sort faire un petit tour du village, Erwan fait son premier câlin à un cactus (et oui, ça pique…), on découvre le petit marché local, les sachets de coca qui se vende légalement à qui veut lutter contre la fatigue, le mal des montagnes ou juste avoir une boule de feuilles coincée dans le coin de la bouche.

Je pleure de ne pas avoir mon appareil photo tellement y a plein de beaux visages et belles couleurs à photographier. On sent le visage buriné par le soleil, le vent, les années. Je trouve les vieux tellement beaux.

Le village aussi est plutôt beau. Rien de tape à l’œil, mais on sent l’authenticité des vieux bâtiments, le temps qui les a usés, le cadre est chouette : des petites montagnes arides de partout.

Une rue est recouverte d’affiches et de photos qui font froid dans le dos. Les femmes victimes de violences conjugales, du machisme…Les histoires sont effroyables. Brûlées vives, violées, tabassées. Il y a même un mot pour parler d’homicide d’une femme : feminicido. La lutte pour le droit des femmes est bien nécessaire par ici (comme dans tellement d’endroits dans le Monde).

Après notre petite ballade, on retrouve Hélène et on fête les retrouvailles avec un bon apéro et un petit resto près de la gare routière. On se raconte nos aventures respectives depuis Buenos Aires et on se fait un petit programme pour les jours à venir.

Le 21 décembre, on loue une bagnole pour aller à Humahuaca, petit village en altitude, d’où l’on peut voir la colline aux 14 couleurs.

On fait évidemment plein de photos en chemin, il fait beau, les paysages sont fous, les cactus sont géants…

On découvre un petit village sympa, pittoresque, où tout le monde s’est donné RDV à la Banque semble-t-il…

Un gars nous accoste pour nous proposer de nous emmener à la colline. On peut difficilement y accéder seuls. 20 km de piste, sans 4x4 c’est un peu risqué. Il demande 250.000 pesos, on baisse à 200.000 et on se retrouve entassés à 6 dans un pick up, avec deux Argentines. On finira l’ascension à l’arrière, cheveux au vent, pour plus d’espace et de Pékin Express attitude.

On sent bien que ça monte, ça commence à rafraîchir sévèrement et surtout à manquer d’oxygène. On est un peu étourdis et le « guide » nous dit de marcher doucement sur le chemin qui mène au mirador.

Le spectacle est déjà magnifique en arrivant au parking et le panneau nous indique 4350 mètres. Ok, on va y aller mollo.

La descente, c’est facile, dès qu’on est sur le plat, je sens que je suis au ralenti. Le souffle coupé par le spectacle et par le manque d’oxygène…

La colline face à nous nous offre une palette de couleurs, par tranches, comme un gâteau. C’est vraiment fada comme truc. La Nature fait tellement de belles choses.

Franchement, les photos ne rendent rien comparé au spectacle sur place...

J’ai la mauvaise idée de me lever et de m’asseoir plusieurs fois, ce qui met mon cœur en difficulté et je commence à me taper une tachycardie qui est relayée par une montée de panique : je suis prise de vertige, je vais m’évanouir et tomber, débirouler jusqu’en bas du canyon et mourir là, c’est sûr. Ça me prend beaucoup de force pour me ressaisir et m’éloigner du « bord », calmer ma respiration et mon esprit. Tant pis pour le spectacle, il faut que je retourne vers la voiture, tranquillement, à mon rythme, en essayant de récupérer mon souffle.

La remontée est intense, je crache mes poumons et je me sens défaillir plusieurs fois. Une des Argentines n’en mène pas plus large et arrivées au 4x4, le guide nous fait sniffer de l’essence de je ne sais trop quels trucs avec de la coca. Ça va mieux mais on est complètement claqués, tous autant qu’on est.

Petit conseil, si vous appréhendez les effets de l'altitude, arrivez la veille, histoire de vous acclimater tranquillement et faites l'ascension le lendemain ;)

La redescente se fera dans le pick up, la pluie nous rattrapant soudainement. A 90km/heure sur un chemin en gravillons qui doit être à l’origine de l’expression « en épingle à cheveux », je préfère fermer les yeux.

Une fois la voiture et un peu d'énergie récupérées, on se remet en route vers Tilcara, en faisant plein d'arrêts photos: cactus, fleurs du désert, collines colorées, faire un câlin à un âne (et se faire chasser par son proprio) et le fameux tropique du Capricorne (capriiiiiiicooooooooooooooorn !!!) pour faire une photo souvenir.

A Tilcara, on s'attaque à une route escarpée qui mène à la Garganta Del Diablo, la gorge du diable, située dans un canyon, avec sa petite cascade. Sur le chemin, on prend deux jeunes Argentins de 15 ans en stop. Tout le monde s'arrête à la petite cabane où l'on doit payer 20 pesos pour accéder au chemin. Ayant définitivement réalisé que j'ai le vertige désormais (spéciale dédicace à Beñat), je fais demi-tour au bout de 10 minutes de descente à pic sur des cailloux qui font déraper. Mon corps a eu assez d'émotions pour la journée. Je laisse Erwan et Hélène jouer les équilibristes et je me pose dans la voiture. Je fais connaissance avec le berger du coin, qui parle très vite, avec des dents en moins et un accent campagnard qui fait que si j'ai compris un mot sur 20, c'est déjà pas mal.

De retour à l'auberge,on se fait une dernière bouffe et Hélène prépare son sac pour reprendre la route, 24 H de bus. Warrior !

Vu qu'on pu négocier pour garder la voiture un peu plus longtemps, je prends le volant pour la 1ère fois en Argentine le lendemain matin, direction Purmamarca, autre bled avec son marché artisanal, son cimetière avec tombes open space qui montre bien la fracture sociale (entre ceux qui ont les moyens d'avoir une sépulture et ceux qui ont sont enfouis sous terre et rien de plus). Mais Purmamarca, c'est surtout sa colline toute colorée, el cerro de los siete colores.

Alors, la veille il y en avait 14, là 7, vous allez me demander si ça sert à quelque chose de faire les 2.

Et bien, oui, ma p'tite dame, mille fois oui ! Les deux sont trèèèès différentes. Et celle-ci vaut le détour et la marche qui amène au site. Franchement, on en reprend plein les yeux. Merci Dame Nature !

La Nature s'est encore lâché et a fait un travail magnifique, mélangeant les couleurs, de l'ocre, du vert, du marron, on se demande comment, pourquoi... Bien sûr, il y a une raison scientifique, mais perso, je m'en fiche un peu. Je suis juste baba devant le spectacle et je me dis qu'on a du bol de voir ç, qu'il faut prendre soin de la Terre et qu'on vit dans un monde mangnifique. It's a wonderful world...

On retrouve le jeune et beau Raphaël (rencontré à Salta) que l'on ramènera dans la voiture vers Tilcara, avec deux autres auto-stoppeurs, d'où il doit prendre un bus pour Purmamarca. Bon, en fait, il fera demi-tour pour retourner un truc oublié à son auberge, mais passons, c'est les joies du backpacker que d'oublier ses affaires, einh ? :p

A l'auberge, on fait connaissance avec Hannes, un pote Allemand d'Hélène, un fou aux cheveux longs qui fait le tour de l'Amérique du Sud en vélo...Malade ! Lui aussi se dirige ensuite vers le Nord du Chili/Sud de la Bolivie pour aller vers les déserts de sel. Mais en vélo, donc moins vite...

Et c'est d'ailleurs par là qu'on va se diriger le lendemain, encore plus haut et plus loin: direction San Pedro de Atacama, au Chili.

On devait partir pour la Bolivie et le Salar d'Uyuni mais comme on s'y est pris trop tard, tout est plein et on passera donc par le Chili d'abord.

Mais ça...C'est pour un prochain article, vous connaissez le principe !

En tout cas, ce coin de l'Argentine aura été un vrai coup de coeur pour moi. J'en ai pris plein les yeux. Et même si la couleur de la terre et certaines formations rocheuses font un peu penser à Bryce Canyon (US), ça n'a rien à voir, et c'est quelque chose d'unique. J'ai pris une vraie claque, et pas que à cause de l'altitude !

Une bande son: what a wonderful world et une galerie photo. Enjoy !


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